Nicolas39 - Pêche à la mouche

La pêche à la mouche sur le blog de Nicolas Germain, un Jurassien amoureux de sa rivière, la Haute Rivière d'Ain.
Centre de pêche en Bosnie.

Accès au Fly Shop Signez le livre d'or Suivez-moi sur facebook Le Fly Shop sur facebook

lundi 24 mars 2025

Retour sur l'ouverture 2025

Cela fait maintenant plus de deux semaines que la pêche est ouverte ici comme dans la majorité des régions du pays. Cette année, et ce pour la première fois depuis longtemps, nous n'avons pas eu à faire de corvées sur le terrain de notre coin casse-croûte. Il n'y a pas eu de crue violente cet hiver pour endommager nos installations. Tant mieux.

Nous nous sommes retrouvés encore dans la nuit au bord de l'eau avec les copains et mon fils en ce samedi matin 08 mars. Comme tous les ans, je suis le seul avec une canne à mouche. Tous les autres sont au lancer en pêchant principalement aux leurres souples ou durs. Je reste fidèle à ma technique de prédilection, la nymphe à vue. Cette année, le niveau de la rivière le permettait. Ce n'est pas toujours le cas. Il faut profiter. Ma tactique est simple. Je monte à la nuit en direction du même spot tous les ans. C'est une trouée dans une bordure de saules. La hauteur d'eau est assez faible en bordure. Je m'assoie tranquillement en tailleur, ma nymphe entre le pouce et l'index de ma main gauche. J'attends l'heure légale en profitant du réveil bruyant de tous les oiseaux. La visibilité se fait meilleure au fil des minutes. Je sais que je n'ai pas longtemps avant que tous les autres pêcheurs arrivent en balançant leurs trucs en plastique. En général, et si on se fie aux années précédentes, j'ai une occasion maximum.

Cette année, il faisait autour des 0 degré. Pas très froid mais quand même. Au bout de quinze minutes j'ai une truite de trente centimètres qui se présente à moi. Je décide de ne rien à faire. C'était peut-être mon sauve-bredouille. J'ai misé sur la chance en espérant voir un poisson un poil plus âgé. Cinq minutes plus tard, alors que je n'avais pas encore bougé, arrive à ma droite en remontant le courant un joli poisson qui piochait au fond de temps en temps. Le petit coup d'arbalète n'était pas très compliqué, ma nymphe cuivre visiblement toujours aussi irrésistible pour cette truite, mais pour ce qui est du combat...La truite est partie sur l'aval bien assez fort et j'ai dû la suivre en remplissant les cuissardes sinon ce serait moins drôle. Un peu avant sept heures du matin. Bien froide la flotte !

Poisson blessé par un oiseaux piscivore. Les survivants sont quasiment tous marqués !

Mouillé, frigorifié, mais malgré tout heureux de ce premier poisson. Je suis allé rejoindre les copains au feu dans la foulée. J'ai retiré mes cuissardes pour tenter de sécher au moins en partie. Sacré départ pour cette saison de pêche !


Une petite demie-heure de pêche aura suffit à ouvrir le compteur. La suite n'est que convivialité et bonheur autour du feu et de toutes les victuailles que chacun avait emporté. Un vrai bon moment que nous avons plaisir à vivre tous les ans à cette date qu'est le deuxième samedi de Mars.

jeudi 20 mars 2025

Hugo qui ment

On me parle souvent de ce pseudo journaliste et ce même dans mon cercle plus privé de pêcheurs. Comme quoi il se bat pour différentes causes environnementales, animales et autres dans ces reportages TV. J'ai mon avis depuis très longtemps sur ce personnage mais Richard sur terre, grand défenseur du monde cynégétique, nous a fait un rappel complet sur ses enquêtes très bancales qui cherchent plus à faire de l'audience qu'autre chose. Rien à voir avec un réel travail de journaliste. Richard en profite pour remettre l'église au milieu du village sur un sujet traité il y a peu par Clément sur les truites arc-en-ciel d'ailleurs. Bref, son surnom d'Hugo qui ment n'est pas galvaudé visiblement. Bon visionnage.

dimanche 16 mars 2025

La première truite en sèche.

On pourrait être amener à penser que le temps érode les émotions, que la répétition des actions identiques efface petit à petit l’envie. Pourtant, après bientôt 40 années à courir après les truites sauvages, il n’en est rien pour moi. C’est même tout le contraire.
Avec mon fils, nous avons pour habitude, que cela soit à la pêche ou à la chasse de prévenir l’autre immédiatement dès que le poisson a été capturé ou le gibier prélevé. Il faut bien trouver des avantages à ces maudits téléphones portables. Alors bien entendu, il y a l’envoie de photo mais aussi celui de vocaux dans notre cas. Plus qu’un message écrit, le son révèle sans artifice l’émotion dans la voix de son auteur qui plus est si le message arrive de suite après l’action à conter. On peut y ressentir à travers les tremblements, les pauses ou encore les hausses de ton l’intensité de l’action que l’un et l’autre venons de vivre sans être ensemble pour autant.
Si pour mon fils je sens bien que depuis 2 ans il y a beaucoup plus d’émotion dans sa voix lors de ses parties de chasse que ses coups de pêche, cela reste tout l’inverse pour moi. Bientôt 40 ans et ces poissons devenus aujourd’hui bien trop rares me donnent des émotions que je pouvais avoir lors de mes premières saisons. J’en suis le premier surpris.
J’ai eu le privilège de pouvoir aller à la pêche un peu tous les jours ces temps-ci. Pas de longues sessions, pas aux meilleurs horaires mais dès qu’une heure se libérait, j’étais au bord de l’eau. Il a fallu passer tout ce temps pour voir un unique gobage. Pas deux ou trois, non, un seul. Mais déjà, à la vision de ce museau qui perçait la surface de l’eau, après toutes ces heures de recherche, les appuis ne sont plus aussi sûrs et le palpitant s’accélère. C’est fou.
Quand je pense que lorsque j’étais adolescent, je pouvais faire 8 truites le samedi en sèche sous la neige de mars, et en refaire 8 le dimanche en prélevant la totalité. On stoppait à 8 car après on ne pouvait plus garder, donc aucun intérêt. Il y a encore dix ans, des conditions comme ce week-end avec une eau un poil tendue et une météo hivernale, c’était 5 à 6 poissons par sortie sur les olives qui sortaient en masse. Aujourd’hui, 1 gobage depuis l’ouverture me rend encore plus heureux. Certes, la rareté entretient ces émotions qui me prennent les tripes au bord de l’eau mais c’est avant tout la passion du sauvage.
Dans l’esprit de la plupart des gens du coin, le sauvage est représenté pas le lièvre, le chevreuil ou encore le lynx. Pour moi il l’est par ces truites farios. Je suis bien entendu rempli d’admiration pour ces mammifères qui vivent dans nos forêts jurassiennes mais ces truites, que nous seuls pêcheurs voyons, survivent dans des conditions tellement difficiles, avec des atteintes à leur milieu toujours plus importantes et létales que je suis à chaque fois totalement émerveillé lorsque qu’un tel être vivant vient visiter mon filet.
Ce fut le cas avec ce gobage repéré. Une passe-partout crème en hameçon de 14 nouée au bout de ma pointe en 0.165mm, un premier passage un peu court histoire d’éprouver la distance sans couvrir le poisson, un deuxième passage où mon artificielle a disparu dans un petit remous au milieu des gouttes de pluie. Le combat fut facile finalement avec ce fil de gros diamètre. Mais quel régal de voir cette truite magnifique dans mon épuisette. Dès la remise à l’eau effectuée, comme de tradition, j’ai sorti mon portable et envoyé mon vocal à Thibaut : « Je sais bien fils que toi maintenant c’est plutôt les bécasses et les sangliers, mais tu vois, ce poisson, la première en sèche de la saison, putain j’en tremble encore, c’est merveilleux…Tu as vu ces couleurs ? Cette tête ? Quel beau poisson. Je suis aux anges mon fils ! Tellement heureux !»
En 40 ans, j’en ai pris quelques-unes de truites. Mais sincèrement, et j’en suis le plus heureux, cette passion reste intacte dans mon intérieur. C’était une fois de plus comme une première fois !

Matériel utilisé :
➡️ Canne JMC Pure NGX 9' soie 5
➡️ Moulinet JMC Astral 46
➡️ Soie Orvis Pro Trout Smooth WF5
➡️ Bas de ligne réf BDLP-4-5 du Shop
➡️ Mouche Passe-Partout crème en H14

mercredi 12 mars 2025

Communication qui pause question.

La Fédération de Pêche du Jura a fait son choix en termes de communication pour cette ouverture de la pêche. Les images publiées sur les réseaux sociaux de laissent pas de place au doute. Cette panoplie de photos de poissons prélevés (dont des truites sauvages de la rivière d’Ain) a fait réagir et pas qu’un peu. Si l’on peut lire à travers les commentaires la déception et la colère de certains pêcheurs, j’ai également eu de nombreux retours dans un cercle plus privé avec des locaux extrêmement déçus pour ne pas dire plus.

Par cette prise de position, les choses deviennent très claires dorénavant sur les intentions de chacun. Les AAPPMA concernées et la Fédération du Jura semblent assumer pleinement le fait de prélever les derniers poissons sauvages de cette rivière d’Ain. Les critiques pleuvent sur nos dirigeants mondiaux qui vont au bout des ressources toujours plus vite sans tenir compte du changement climatique et des alertes de toutes parts mais finalement, nos dirigeants locaux pour la pêche ne font pas mieux. Ils iront jusqu’aux derniers poissons sauvages malgré des populations en chute libre et des atteintes extérieures toujours plus nocives sur cette rivière. C’est d’une tristesse.

Publication entière à voir sur Facebook.

De mon côté, je ne cherche plus à convaincre les gens. Chacun gère son territoire comme il l’entends après tout. Cependant, il faut assumer jusqu’au bout sans se cacher derrière des arguments plus bancals les uns que les autres. J’entends parfois des voisins en amont et en aval qui prennent notre linéaire en exemple comme quoi le fait de laisser la vie aux truites ne fonctionnait pas, que cela ne servait à rien, que c’était même partie prenante des causes de la baisse des populations…

Nous avons mis notre parcours sur sa totalité en No Kill pour freiner la baisse des populations, rien de plus. Nous possédons un linéaire sur la rivière d’Ain complètement dysfonctionnel. L’espoir pour améliorer la qualité de l’eau s’est envolé depuis longtemps malgré des preuves flagrantes d’excès en tout genre sur les points d’assainissements de Champagnole, Crotenay ou encore Montigny. Tous les témoignages, alertes ou autres plaintes n’ont jamais rien amélioré. L’eau chauffe toujours plus l’été. Les piscivores, harles et cormorans finissent le boulot. Bref, pour continuer à pêcher ces poissons sauvages, pas d’autres choix que de leur laisser la vie. On n’appuie pas sur la tête d’un homme en train de se noyer, on tente au minimum de le maintenir à flot.

Du coup, pourquoi se battre pour réhabiliter les tirs des cormorans s’il y a assez de truites sauvages pour continuer à les prélever. Les pêcheurs oui mais les oiseaux non ? Encore un argument bien bancal. Je souhaite de mon côté également pouvoir réguler les piscivores bien entendu mais pas pour bouffer les truites et les ombres à leur place ! Non, uniquement pour que les populations soient un peu plus solides parce qu’elles sont catastrophiquement basses.

Le pire dans tout ça c’est qu’on tous d’accord là-dessus. Les truites deviennent de plus en plus rares. Depuis 2015 tout s’est accéléré avec des étés caniculaires à répétition, c’est hallucinant les différences. Pas contre, à la fin, ben il y a les types qui vont aller manger dans les réserves sans se soucier du lendemain en se disant ben quand il y en a plus, il y en a plus. Et puis les autres, visiblement en minorité, qui tentent de se rationner au maximum en espérant que ça dure un peu plus longtemps sans non plus croire au père Noël.

Bref, tout ça pour dire que de remettre une truite à l'eau cela permet aussi à plusieurs pêcheurs d'avoir des émotions de joie et bien entendu, de laisser une chance à ces poissons de frayer un hiver de plus et même plusieurs ce qui n'est pas un luxe à la vue des géniteurs restant. La preuve encore, comme s'il en fallait une supplémentaire, avec ce poisson capturé par mon fils en juillet 2024 et mesuré à 60 centimètres. Poisson que j'ai eu l'immense privilège de croiser en ce week-end d'ouverture. Je l'ai pris avec la même nymphe d'ailleurs. Un peu plus long mais aussi plus maigre. Normal pour la saison. Mon fils a déjà revu cette truite deux jours après qui se nourrissait. Que sa vie soit encore longue !

Vous pouvez comparer les points, c'est bien le même poisson.

dimanche 9 mars 2025

Pollution des rivières Franc-Comtoises, facteurs induisant le développement de Saprolégniose et mortalité des salmonidés.

Je me fais le relai de Didier Pruneau avec cet article ci-dessous. Bonne lecture.

En 2015, j’ai écrit un article qui impliquait l’épandage de lisier et la charge azotée en résultant, comme cause majeure du développement du champignon Saprolegnia parasitica chez la truite et l’ombre dans les rivières Loue, Doubs, Cusancin, et Dessoubre. Dix ans après, je souhaitais faire un point sur les données scientifiques nouvelles permettant de comprendre un peu mieux les causes d’infection par Saprolegnia parasitica, maladie fongique qui loin d’avoir diminuée continue de faire des ravages dans les rivières karstiques de Franche-Comté.
Il est aujourd’hui établi que le développement de l’oomycète Saprolegnia parasitica est systématiquement associé à la mortalité des truites et ombres des rivières de Franche-Comté (par ex. Loue, Doubs, Cusancin, et Dessoubre). Ce champignon naturellement présent dans les cours d’eau attaque généralement des poissons affaiblis physiquement et immunologiquement. Ainsi, la fraie conduit à des abrasions de la peau favorisant l’infection fongique et entraine une baisse de l’immunité. Mais hélas en Franche-Comté, la mortalité se poursuit bien au-delà de cette période et des poissons malades peuvent être observés toute l’année avec toutefois, un pic entre janvier et avril. Plusieurs études ont été conduites visant à déterminer les causes de la dégradation écologique de la Loue et du Doubs. Les conclusions d’un travail important conduit par PM Badot et F Degiorgi (Université de Besançon) sur la Loue de 2012 à 2018 sont les suivantes :

« Les dysfonctionnements écologiques mis en évidence dans la Loue sont induits principalement par les causes suivantes:

1. Les excès d'azote dans les milieux aquatiques et l'accroissement des teneurs en bicarbonates sont la conséquence de l'intensification des pratiques agricoles.
2. Les contaminations multiples par des produits phytosanitaires, des biocides et les substances actives issues des médicaments vétérinaires sont elles aussi en partie liées à l'intensification de l'agriculture.
3. Une part sans doute non négligeable de ces contaminations trouve aussi son origine au sein de la filière bois par le biais des traitements des grumes en forêt et en scierie, mais aussi dans les utilisations domestiques (insecticides en poudre, en aérosol, biocides en tout genre, produits de traitement des bois d’œuvre...).
4. La collecte et le traitement des eaux usées ne sont pas impliqués au premier chef dans les contaminations azotées mais présentent des marges de progression pour réduire leurs contributions aux apports de substances toxiques et de bouffées de phosphore dans les cours d'eau.
5. Une contamination par des concentrations parfois très élevées d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) lourds non solubles existe à l’échelle du bassin versant dans les différents types de prélèvements analysés et notamment dans les particules fines (sédiments et matières en suspension).
6. La nature karstique du substratum et le positionnement en tête de bassin accroît la vulnérabilité des cours d'eau, vis à vis des contaminants chimiques qui peuvent être transférés des sols vers les eaux et transportés très rapidement au sein des masses d'eau.
7. Les modifications physiques des cours d'eau et les altérations de la végétation de bordure – réduite et artificialisée – dégradent les habitats des poissons et des communautés vivant au fond et constituent des facteurs aggravants. »
Selon PM Badot en 2020: « Les quantités d’effluents d’élevage épandus sur les prairies ont augmenté car la productivité du troupeau s’est améliorée : de 4000 kg/an de lait par vache en 1960 à 7000 kg/an au début des années 2000. Cela s’accompagne aussi d’un recours plus important aux engrais. Des épandages qui ne tiennent pas encore assez compte de la nature du sol. Quand il est superficiel, c’est-à-dire peu épais, ou quand la végétation, c’est à dire l’herbe n’est pas en croissance active pendant l’automne et l’hiver, ces intrants ne sont pas assez assimilés et se retrouvent dans la rivière. D’où le constat d’un excès d’azote dans les milieux aquatiques, qui favorisent les croissances végétales dans la rivière. ». « La pratique revient à fertiliser, engraisser la rivière et pas la prairie ».

Le projet NUTRI-karst d’une durée de cinq ans et terminé en 2024 avait pour objectif de comprendre l’impact des activités humaines sur les transferts d’eau et de nutriments dans les bassins karstiques du massif du Jura. S’il est difficile de résumer l’ensemble des données collectées du fait de leur nombre et complexité, une des principales conclusions est rapportée ci-après :
« Dans un contexte où une intensification des sécheresses estivales est attendue, les perspectives portent alors vers une augmentation de l’intensité du lessivage de l’azote si rien n’est fait pour en diminuer les apports. Aussi, il apparait donc plus que nécessaire de redoubler d’efforts sur la réduction des apports de nutriments, du fait de l’influence des sécheresses sur la mobilisation et le transfert d’azote vers les eaux ; notamment dans un contexte de réchauffement climatique qui risque d’accentuer le risque d’eutrophisation des cours d’eau. » J’avais précédemment évoqué il y a dix ans le rôle potentiel de la charge azotée (en particulier la forme ammoniacale del’azote) dans le développement de Saprolegnia parasitica, sans exclure d’autres sources de pollution renforçant l’affaiblissement des poissons. Que sait-on de nouveau ?
Rien, si l’on considère que la grand majorité des études conduites sur la saprolégniose visent à étudier des inhibiteurs de cette maladie dans le but de protéger l’aquaculture. Signalons toutefois une étude récente (Pavic et al., 2022) rapportant une méthode rapide, sensible et spécifique permettant de mesurer la distribution et la prévalence de S. parasitica dans l’environnement, notamment dans l’eau des rivières. Cette méthode utilise la technique de « droplet digital PCR (ddPCR) », technique maitrisée dans la majorité des laboratoires. Les chercheurs ont ainsi montré que S. parasitica était largement et naturellement présent dans les rivières de Croatie. Par ailleurs, ils ont montré que le taux de S. parasitica dans l’eau augmentait avec la conductivité électrique. Or, l’augmentation de conductivité électrique est largement documentée dans les rivières de milieu karstique telles que la Loue, où elle est progressivement passée de 250 µs/cm dans les années 70 à 470 µs/cm en 2014 (Conseil Scientifique du comité de Bassin Rhône-Méditerranée, 2015). Ceci résulte de l’augmentation des taux de calcium et bicarbonates dans l’eau. Il a aussi été observé que S. parasitica était présente sur la peau des truites mais que les taux étaient largement augmentés sur la peau comportant des lésions, ceci étant cohérent avec la mortalité post-fraie. Enfin, les taux de nitrates ne semblent pas influer sur les concentrations de S. parasitica.

En conclusion, plusieurs études confirment, s’il en était besoin, que l’état écologique des rivières de Franche-Comté s’est fortement dégradé du fait des activités anthropiques. L’excès de charge azotée est essentiellement du aux activités agricoles en particulier l’élevage bovin. Ceci est largement documenté dans les études menées depuis 2010. Les seuls éléments nouveaux concernant S. parasitica par rapport à l’étude que j’avais produite en 2015 sont la possibilité de mesurer de façon fiable les taux de cet oomycète dans l’environnement, et la démonstration que la conductivité électrique est corrélée avec les taux de S. parasitica dans les rivières. A ma connaissance, rien de nouveau n’a été, hélas, publié pour ce qui concerne le ou les éléments présents dans l’eau susceptibles d’entrainer et/ou potentialiser l’infection par S. parasitica.
Enfin, j’ajoute que les méthodes d’épandage de lisier se modifient avec l’abandon de la buse-palette (projection aérienne en éventail) au profit de matériel de type pendillards ou enfouisseurs/injecteurs. L’épandage classique par buse-palette entraine jusqu’à 50% de perte de l’azote ammoniacal par évaporation. Le matériel de type pendillards et le matériel de type enfouisseurs réduisent respectivement de 30 à 55% et de 60 à 95% l’émission d’ammoniaque (NH3). Ainsi, la quantité de NH3 dans le sol pour un même volume de lisier épandu va-t-elle considérablement augmenter…et, par conséquent, l’impact sur nos rivières.
Didier Pruneau, 5 mars 2025

Sources :
Étude de l’état de santé des rivières karstiques en relation avec les pressions anthropiques sur leurs bassins versants -François Degiorgi, Pierre-Marie Badot. Laboratoire Chrono-environnement - CNRS - UFC (UMR 6249). 2020, pp.47 https://hal.science/hal-04764319v1
L’état de la Loue : Avis sur les Recherches et les Etudes en cours menées sur la rivière et son bassin versant. Juillet 2015. Conseil Scientifique du Comité de Bassin Rhône-Méditerranée (Président B. Chastan).
NUTRI-Karst : Charlier J-B, Tourenne D, Hévin G, Desprats J-F. Réponse des agro-hydro-systèmes du Jura face au changement climatique et aux activités anthropiques. Rapport final de la Tâche 1. BRGM/RP-72229-FR, Version 1 du 18 novembre 2022.
Pavic D, Grbin D, Hudina S, Prosenc Zmrzljac U, Miljanovic A, Kosir R, Varga F, Curko J, Marcic Z, Bielen A. Tracing the oomycete pathogen Saprolegnia parasitica in aquaculture and the environment. Scientific Reports. 12, 16646, 2022.

- page 1 de 394